samedi 10 mars 2012

Sonia Kaliensky, favorite des Dieux...(2)



Permettez-moi ce petit capriccio
en trois billets, histoire d'alléger votre lecture.
Remontez le temps. Entrez dans la peau du vice-commissaire Spinelli.
Vous êtes de service ce mercredi 6 février 1907, fin d'après-midi.



-Qui a découvert le corps?
-Un ami de la victime, Carlos de Alazabal. Américain ou Argentin. Il attend votre inspecteur dans le bureau du directeur. Ce Carlos est venu rendre visite à sa jeune amie. N’obtenant pas de réponse, il a poussé la porte. Pris de panique, il s’est mis à crier que la dame se mourrait. La femme de chambre et un porteur ont constaté l’urgence de la situation. Un chasseur a été immédiatement envoyé à mon cabinet. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour la garder en vie. Elle s’est éteinte de longues minutes plus tard sans reprendre connaissance.
Vous désirez mon avis, Spinelli, elle ne voulait pas nous revenir.
-Suicide ?
-Cela fait peu de doute. Mais venez voir par vous-même.

Putelli m’entrouve la porte et me laisse pénétrer le premier. La pièce est sombre. De lourds rideaux de velours jaune rognent San Giorgio qui s’enfonce dans l’obscurité. Sur une duchesse brisée, une somptueuse robe moussone sous les étincelles mordorées d’une lune crue de février. A l’arrière du bas fauteuil, une grande malle.

-Voici les deux flacons de laudanum, que j’ai trouvés vides sur la table de chevet. Ils portent les étiquettes d’un pharmacien de la Piazza san Carlo de Milan. Le concierge du Danieli m’a souflé que ses effets ont été envoyés par le Grand Hôtel de Milan où elle aurait logé quelques jours. Mais je ne crois pas le laudanum responsable de sa mort. Je pencherais plutôt pour une importante absorption de morphine.
Vous m’écoutez, Spinelli?
Spinelli!

Je suis devant la jeune Sofia.
Une infinie tristesse incendie ses yeux béants. Un dernier prénom soufflé, une ultime présence réclamée ont laissé ses lèvres fragiles désaccouplées.
Elle est délicieusement belle. Ses longs cheveux blonds déliés inondent l’oreiller et déferlent sur ses épaules nues. Une légère nuisette de satin rose peine à dissimuler les pousses de ses seins en fleurs. La soie églantine me raconte des hanches nerveuses et des jambes graciles. Un pied découvert montre des ongles lissés rouges-sang.
Aucun autre ornement.
Dans le creux de sa main négligement relachée, une alliance en or avec cette simple inscription en français: “J’aime. 1 octobre 1906”.

-Les favoris des Dieux meurent jeunes, Spinelli!


A suivre ...





2 commentaires:

  1. Contente de retrouver cette chère Sonia ! nous avons passé tellement de nuits ensembles !!!!

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