mercredi 28 avril 2010

Casa del Papa ...

Lady Layard (Vicente Palmaroli 1870)


En réponse à une question de Danielle...

Giudecca. Fondamenta del rio della Croce.
Face au jardin d'un autre Frederic, Eden celui-là, était un petit hôpital pour marins, au personnel anglais, fondé par Lady Layard, reine de la colonie anglaise de Venise.

Bien avant d'y être admis comme patient, Rolfe y présente ses services pour emmener dans son sandolo les convalescents prendre le soleil de la lagune.

« Les malades se trouvèrent être un mécanicien-chef n'ayant qu'un quart de rein, un chauffeur aux cheveux blancs, aux yeux doux et à la voix d'enfant, avec une affection valvulaire du coeur...et un petit brigand noiraud de Bari, à qui il manquait une jambe. »(*)

« Nicholas se souvint qu'il y avait quelque part à Spinalonga une infirmerie privée...
... L'infirmerie britannique, comme l'appelle officiellement Venise ... est située sur le Rio della Croce, dans l'île de Spinalonga, en face de la Maison Royale de Réclusion...
C'est une maison historique, jadis l'un des palais d' été des Cornaro, mais connue communément sous l'appellation de « Casa del Papa » parce qu'un personnage non moins suprême que notre très Saint-Père le Pape Pie VII y séjourna après son élection par le conclave de 1800 dans l'île voisine de Sanzorzi... »
... « La visite du Pape Pie VII, exilé de sa cité souveraine, est commémoré dans l'antique escalier de l'Infirmerie Universelle, au moyen d'une plaque de marbre où est gravé en lettres d'or rouge l'inscription ci-après, laquelle est singulière...(*)

NOMINI MAJESTATIQ.
PII SEPTIMI PONT. MAX.
DICATUM

...

RECEPIT



Une fenêtre ouverte sur une cour intérieure...
Surprise !
La tablette gravée d'or rouge existe toujours.
Elle est vôtre...

J'adore me promener le long de ce feutré rio.
Sous le soleil, le brasier argenté des eaux de la lagune vous crève les yeux. C'est en aveugle que vous atteignez le bout de la fondamenta.

L'Infirmerie Britannique ferme ses portes en septembre 1933.

(*) Le Désir et la poursuite du Tout - Frederick Rolfe


Fondamenta del Rio della Croce - Giudecca
ex-hôpital britannique


Fondamenta del Rio della Croce - Giudecca
Villa Eden et ses jardins, la prison en arrière plan




La tablette commémorative gravée d'or rouge

Pie VII (J-L David 1805)





mardi 27 avril 2010

J'ai eu la même maladie que le dernier roi...

A Venise, j'ai mes fantômes...
En voici un.
Frederick Rolfe, le baron Corvo.
Envoûtant !
Un huitième billet ...


22 avril 1910
Reçu télégramme du consul anglais de Venise demandant à ce que tu sois informé que Fr. Rolfe est gravement malade et sans un sou à l'hôtel Belle Vue Venise. Ministère des Affaires étrangères, Londres.

Cette fin avril 1910, un siècle jour pour jour, Rolfe tombe une première fois.

Bronchite, pneumonie, douleurs cardiaques suite aux mauvaises conditions et aux privations de l'an dernier...

Il est emmené à l'Infirmerie Britannique à la Giudecca.

Il reçoit l'extrême onction.
La reine Alexandra, de retour d'un voyage en Grèce est à Venise.
Elle a quelques mots de réconfort pour le Baron.
Mais elle doit prestement s'en retourner à Buckingham Palace.
Edouard VII, son royal époux se meurt.

A Londres, Edouard VII s'éteint le 6 mai.
Une funeste ... bronchite.
A Venise, d'une rare résistance comme l'affirme les médecins italiens , Rolfe, s'en tire.
Il quitte l'hôpital le 11 mai.


J'ai eu la même maladie que le dernier roi et comme lui je peux dire: « J'ai le dos au mur mais je résisterai jusqu'à la fin .»

A suivre ...

Fondamenta Rio della Croce, Giudecca

La reine Alexandra

Le roi Edouard VII



lundi 26 avril 2010

Sous les yeux de Baldassare...



La Giudecca n'est pas seulement la longue île, autrefois nommée Spinalonga et qui souligne les Zaterre.
C'est également un îlot entier de Burano, délimité par la lagune à l'est et au sud, à l'ouest par le rio di San Mauro et au nord par le long rio éponyme.
L'ancienne chiesa delle Capuccine et ses jardins séparent la fondamenta della Giudecca et celle delle Capuccine qui se jette dans la lagune.

Voici une vue du célèbre photographe Carlo Naya. Elle date de la deuxième moitié du XIXème et représente l'église désacralisée.

Si ce n'est une nouvelle habitation sur la droite et la disparition du pont, peu de choses ont changé, en vérité.
Un léger détail cependant : la patère au-dessus de la porte n'est plus.
Déprédation, érosion, vol pour satisfaire quelque collectionneur argenté ?
L'enquête sera de courte durée.

La Madone à l'enfant, oeuvre du XVIIème, due au ciseau d'un élève de Campagna, n'est pas très loin.
Elle a juste traversé le ponte delle Capuccine pour s'en aller rejoindre la façade de la chiesa San Martino sous les yeux de Baldassare Galuppi.









vendredi 23 avril 2010

Les salamandres ailées du campo San Maurizio...



Suivre les bloggers qui partagent une même passion s'avère très enrichissant.
Je ne vous apprends rien.
Un billet à droite, un article à gauche vous ravivent la mémoire.
De vieux souvenirs aux images enfouies dans les méandres du PC ressurgissent..

Il en fut ainsi avec le billet de Norma C et le cloître de Sant'Apollonia.
Il en est ainsi avec le post de Fausto et la superbe margelle de puits du palazzo Zen.

En écho à son billet, voici la margelle de puits privée d'une demeure du campo San Maurizio.

Les photos laissent à désirer.
Il ne me fallait pas trop agacer la concierge.


Campo San Maurizio, à trois façades du palazzo où vécurent Giorgio Baffo et Alessandro Mazzoni, il est une porte bien anonyme.

« Tu sonnes.
La porte s'ouvrira.
Selon l'humeur de la concierge, tu auras tout le loisir de tourner autour d'une margelle de puits où grouillent d'improbables salamandres ailées


Voilà le tuyau d'un ami.
Voilà le résultat.

La concierge était de bonne humeur...








jeudi 22 avril 2010

Il chiostro di Sant'Apollonia...


Voici quelques clichés pour venger Norma C qui s'est vue interdite de prise de vues dans le merveilleux cloître Apollonia, le 13 avril dernier, entre 10 et 11 heures ... ;)))

La première et les deux dernières ont été prises d'un échafaudage branlant en mai 2006.
J'vous raconte pas la tête de mon épouse !

Les autres en mai et fin octobre 2004.











mardi 20 avril 2010

Sois prudent, Thomas...


Ponte dei Sospiri,
Bridge of Sighs,
Oxford...

Permettez-moi ce léger capriccio, avant tout dédié à mes fidèles lecteurs de Grenoble, ville jumelée avec Oxford.

Thomas, notre fils, étudie à Oxford depuis bientôt quatre ans.
Cupidon lui fichant une solide paires d'ailes, il s'envolera dans quelques jours pour la Colombie.
« Tous les ventripotents et pernicieux nuages islandais n'y pourront rien » nous a-t-il assuré.

Il y restera plus de trois mois.
Dans la foulée, un périple de quatre semaines en Chine.
Nous ne le reverrons plus avant le mois de septembre.

Cinq mois... 'pristi... une éternité !

Aussi, avons-nous passé cette fin de semaine ensoleillée, auprès de lui, là où la Cherwell vient gonfler la Tamise.

J'y ai retrouvé un pont qui soupire entre quelque bâtiment du Hertford College.

J'y ai retrouvé Rolfe, le baron Corvo.
Oxford où Rolfe est étudiant libre.
Oxford où Rolfe se convertit au catholicisme le 3 janvier 1886 en l'église Saint Aloysius.
Oxford enfin où Rolfe se déguise en corbeau au bal donné en l'honneur du Prince de Galles.

J'y ai retrouvé Shelley, le Serpent.
L'University of Oxford où est admis Shelley en octobre 1810.
L'University of Oxford d'où est expulsé Shelley le 25 mars 1811 après la publication de son pamphlet « Nécessité de l'athéisme » dans lequel il tend à démontrer que l'incroyance ne peut être un crime. Excommunication qui lui ferme à jamais les portes de toute autre université.
L'University of Oxford enfin où crépuscule le corps de marbre de Shelley rejeté par les vagues déferlantes du golfe de La Spezia.
En 1896, l'University accepte l'oeuvre du sculpteur Onslow Ford en souvenir de l'éphémère passage de son turbulent mais ô combien illustre étudiant.


Sois prudent, Thomas ,
Bonne route, mon enfant...



Le pont de Hertford College, Oxford

University of Oxford

Oxford, Hightstreet, librairie Slatter & Munday qui exposa "La nécessité de l'athéisme", aujourd'hui siège de la Lloyds

Memorial Shelley, University of Oxford (Onslow Ford )

Le sculpteur Onslow Ford en 1893


jeudi 15 avril 2010

Excuse le crayon noir mais mon stylo est vide...


A Venise, j'ai mes fantômes...
En voici un.
Frederick Rolfe, le baron Corvo.
Envoûtant !
Un septième billet ...




La Piazza de mi-avril 1910 ressemble furieusement à la Piazza d'aujourd'hui: défigurée par les travaux.
Cela fait quatre ans maintenant que le Campanile est en restauration.
Encore deux longues années avant l'inauguration.

La Tour de l'Horloge également subit d'intenses transformations internes.
Evaristo Barbieri, patron du Bellevue campo dei Leoncini Mon cher, les fenêtres de la façade ouvrent sur la plus jolie vue du monde- s'est approprié la vénérable horloge pour en faire une annexe à son hôtel que le succès a rendu par trop exigu.
Les travaux d'aménagement vont bon train au plus grand désarroi de Corvo.

« Le propriétaire du Bellevue a pris la Tour de l'Horloge à la Piazza. L'hôtel est plein d'ouvriers au travail. Il m'a déniché une mansarde où je dors; ai-je besoin de te dire que, jour et nuit, je suis dérangé par les charpentiers, les peintres, les maçons, les plombiers et autres poseurs de chiottes. »

Si Rolfe attend beaucoup de son dernier ouvrage envoyé au Etats-Unis -...il faudra trois mois avant d'avoir des nouvelles...- les choses demeurent, pour lui, les mêmes. Inchangées.

« De ma vie je n'ai jamais été aussi négligé...je ne peux même pas prendre de bain. Me nourrir est un problème. Je me contente de peu, je suis maigre et faible.»

Aussi, dès qu'il reçoit quelque miraculeux mandat, il s'en va prendre un bain, se presse sur le Môle pour se procurer du tabac -dans un débit où le vendeur est plutôt gentil- et se précipite manger et boire du vin.
Dès le lendemain, il retrouve ses sempiternelles cioppe, ces petits pains vénitiens, coriaces et réservés à la populace.


"Excuse le crayon noir mais mon stylo est vide..."

A toi toujours, R.
5 avril 1910


A suivre...









dimanche 11 avril 2010

Pas toujours, Charles...



Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée.
Baudelaire, Les fenêtres

Pas toujours, Charles...
28 mars 2010

Pas partout, Charles ...
Giudecca, accademia dei Nobili



Admirez le cadeau que cette fenêtre grande ouverte nous offre.

Grimpez alors au premier, saluez notre hôte, Geoffrey Humphries, et embrassez son univers, la Sérénissime au-delà des fenêtres, la Dominante au-delà du Canal de la Giudecca...
















Related Posts with Thumbnails