mercredi 13 janvier 2010

Souvenez-vous Monsieur Sollers...



Souvenez-vous Monsieur Sollers...

Des caméras vous suivaient dans votre Venise.
Campo Barbaro, derrière la Ca' Dario.

Machicotant votre tubule anti-nicotine, de cigarette orpheline, vous écartiez l'épaisse feuillée qui recouvrait les quatre vers de Henri de Régnier.
Triomphalement, vous nous révéliez la faute d'orthographe: agathe avec un « H » comme dans le prénom, alors que le poète fait rimer la pierre, l' agate, sans le « H ».
Très fier, vous vous proclamiez être le premier à dénoncer l'indicible.
Et vous aviez raison. C'est l'orthographe et Régnier qu'on assassine !




'Pristi, mon cher Philippe...
Permettez que je vous appelle Philippe ?
J'ai fait plus fort que vous.
Ce n'est pas un mot mais la tournure entière d'un vers qui a été passée à tabac.

Et c'est votre serviteur, Philippe, qui en a fait la découverte.
Jugez de par vous même, comment des maroufles ont pu assassiner ce bon Monsieur de Malherbe !
A San Michele, se putréfie la tombe de cette pauvre Anne de Stcherbininn, née Stieglitz, mère de famille morte à 24 ans.
Sur la stèle, un vers est libellé de la sorte:
« Et rose elle n'a vécu que ce que vivent les roses, L'espace d'un matin...
Or vous connaissez l'exacte versification:
"Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, L'espace d'un matin..." !

Qu'en penses-tu Philippe ?
On peut se tutoyer maintenant qu'on est à égalité !
Dis, Philippe, tu penses qu'après cela je pourrais, moi aussi, présenter ma Venise dans « Racines et des ailes, par exemple !?!

Philippe ?

Philippe !?!





A la mémoire
de la plus chérie des épouses
de la meilleure des mères
Anna de Stcherbininn
née Stieglitz
décédée à 24 ans le 30 octobre 1842

J'ai emprunté la photo de Monsieur Philippe Sollers au site http://www.revuedepresse.ch/


















2 commentaires:

  1. Bien joué Stef! tu es mûr pour Des racines et des ailes! ;)

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  2. Pour vous, cet extrait du livre de Jean d'Ormesson "Odeur du temps":
    "J'y ai retrouvé aussi, entre l'Accademia et la Salute, le palais Dario et le souvenir d'Henri de Régnier, perpétué par une de ces irrésistibles inscriptions dans le marbre dont le génie italien a évidemment le secret:
    ...Car, sinueuse et délicate
    Comme l'oeuvre de ses fuseaux,
    Venise ressemble à l'agathe
    Avec ses veines de canaux...
    [...]
    Qu'elle devait donc être délicieuse, à la veille des grandes catastrophes de notre siècle calamiteux, cette façon de vivre et d'écrire à la vénitienne [...]"

    Bonne soirée et merci beaucoup pour votre publication.
    Anne

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